Envoutement par un esprit maléfique, maladie contagieuse, impossibilité d’avoir de bon rendement scolaire, etc. ces préjugés nourrissent la stigmatisation au quotidien de personnes souffrant de l’épilepsie. À l’exemple de Kitwe, qui a dû abandonner son rêve de décrocher un diplôme, les épileptiques en font le frais. L’implication de tous dans la lutte contre ces préjugés s’impose.
La méconnaissance par la société de
l’origine et de la transmission de l’épilepsie, maladie caractérisée souvent
par la survenue répétée de crises convulsives, est à l’origine de plusieurs
préjugés. Certains disent que cette maladie est une conséquence d’un
envoutement par un esprit malin, d’autres croient qu’elle est contagieuse ; ces
fausses croyances, présentent même dans les grandes villes de la RDC, doivent
être combattues.
Un esprit maléfique?
Nombreux sont ceux qui attribuent
une origine mystique à cette maladie, même à Lubumbashi. Conséquence : très
souvent le traitement médical n’est que le dernier recours. « Ce n’est qu’après
d’improductives séances de prières ainsi que du traitement infructueux, à base
d’amères plantes médicinales et des escarrifications traumatisantes, que ma
mère a accepté que je sois soumis à la thérapie médicale » relate Kitwe,
épileptique depuis l’âge de 12 ans.
« Les bruits circulaient dans le quartier
que j’étais hanté par un esprit maléfique ; j’avais de moins en moins d’amis »
confie Kitwe. Pure superstition, l’épilepsie n’est pas le résultat d’un
envoutement démoniaque ; une anomalie génétique ou une lésion cérébrale, suite
à une infection (avant ou après la naissance) ou à un traumatisme, peut en être
la source.
Maladie contagieuse?
« Il y avait de parents qui
interdisaient à leur enfants de jouer avec moi au motif qu’ils seriont eux
aussi contaminés », relate Kitwe ; la salive émise par un épileptique, lors de
la crise, peut transmettre sa maladie ? Que neni ! Contrairement à ce que pensent
certains, l’épilepsie, comme l’hypertension ou le diabète, n’est pas une
maladie contagieuse.
Changer le regard de la société
Aujourd’hui âgé de 25 ans, Kitwe a
dû abandonner ses études en troisième secondaires, car, affirme-t-il : « mes
parents avaient décidé de ne plus financer mes études, pour eux l’épilepsie
était un frein à un cursus scolaire normal, en plus du fait que j’étais devenu
peu fréquentable à l’école ». À l’exemple de Kitwe, beaucoup d’autres personnes
souffrant de l’épilepsie sont victimes de la stigmatisation sociale ; elle
engendre des répercussions graves sur leur présent et leur avenir. Alors qu’un
épileptique, s’il est bien pris en charge, peut avoir une vie normale comme
toute autre personne.
Le changement du regard de la
société envers l’épilepsie, et les épileptiques, est plus qu’une nécessité ; et
il passera sans nul doute par une grande implication de tous les acteurs de
notre société et par une large sensibilisation.
Crédit Photo: Julian
Rawlings
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